Edène

Création automne 2024 – production en cours

Spectacle à partir d’une adaptation ((très) libre) de Martin Eden de Jack London

« […] Après un seul en scène, des lectures théâtralisées et une création jeune public, avez-vous d’autres envies de théâtre ?

J’aimerais beaucoup me confronter à un espace scénique et à une distribution de plus grand format. Je vais bientôt travailler à l’adaptation de Martin Eden de Jack London, dans une transposition contemporaine. Ce sera une pièce sur le monde prolétaire féminin. Je ferai une collecte de paroles auprès d’ouvrières, chez moi, en Bretagne. Puis viendra une phase d’écriture, pour moi d’abord, puis collective, au plateau. […] » 

 

logo théâtre(s)Extrait d’une interview au printemps 2022 par Cyrille Planson pour Théâtre(S)

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Edène sera un spectacle porté par une distribution entièrement féminine (six actrices). Il se construira à partir du roman de London mais aussi de collectes de paroles menées en trois temps et dans trois endroits différents.

Edène arrive de loin, d’un bord de mer à la beauté suffocante. Elle est venue en France presque sur un coup de tête, parce qu’une possibilité s’est ouverte, parce que tout le monde le fait autour d’elle ou parle de le faire, parce que ça paraissait un meilleur endroit pour mener à bien son projet, écrire des livres. Elle n’en a pas lu beaucoup, ou plutôt : elle a beaucoup lu les mêmes mais elle sait qu’elle veut écrire.

Elle passe la mer. Il fait froid, là. Il pleut beaucoup. Le paysage paraît fondre dans des coulées de boue.

Les filles qu’elle croise à l’université lui paraissent diaphanes, gracieuses, et tout de leur vie serait facile. Elle se sent honteuse devant elle. Son visa étudiant ne lui donne pas le droit de travailler mais elle n’a pas assez d’argent pour vivre sans. Parfois, elle suit les autres dans un bar et chaque fois qu’elle commande un verre, elle compte combien de repas s’en vont là-dedans. Elle trouve un job en douce, elle remplace une autre ouvrière à la blanchisserie de l’abattoir, sous son nom, avec son badge, les autres font semblant de ne rien voir. Et là, il fait trop chaud. Ça lui casse les bras, ça lui brûle les yeux. Impossible de lire ou d’écrire après une journée là-dedans. Quelqu’un lui parle des syndicats, d’autres des associations pour la défense des sans-papiers. Ça pourrait être une piste à suivre… Edène ne la suit pas. Elle lâche peu à peu l’université, perd les quelques amies qu’elle s’y était faite.

Elle quitte la blanchisserie pour écrire.

Elle arrête d’écrire pour retourner à la blanchisserie.

Elle quitte la blanchisserie pour écrire.

Elle se demande : est-ce que c’est ça, une vie en France ? est-ce que c’est ça, une vie ?

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