La romancière et dramaturge l’assure : des mythes fondateurs aux discussions de comptoir en passant par la communication politique, la narration structure l’expérience humaine. Même la biologie tisse un récit sur les origines de la vie. Plutôt que de mettre au pilori la mise en récit du réel, Je suis une fille sans histoire prend le parti de la comprendre « scientifiquement », en détricotant les ficelles de la narratologie. Dans cette conférence performée, prendre un grand classique de la littérature ou une très sérieuse théorie au pied de la lettre emmène dans des aventures aussi fécondes que farfelues, comme raconter l’histoire d’une meute de loups à la manière d’une tragédie shakespearienne ou enquêter sur son propre corps façon Sherlock Holmes. Sous le regard du circassien Matthieu Gary, Alice Zeniter fusionne dans ce seul en scène la chair humaine et le squelette du récit, et ajoute à l’éventail des expressions corporelles celui des structures linguistiques. Et, qui sait, « peut-être qu’un triangle sémantique peut devenir une montagne à gravir ? »